A une époque où la recherche du confort est devenue un enjeu majeur, le tapissier doit maîtriser tous les aspects d’un métier plus complexe qu’il n’y paraît.
Si celui-ci consiste bien évidemment à réaliser des garnitures et des couvertures sur tous les types de carcasses qui lui sont soumis, le tapissier doit le faire encore avec goût et avec une grande maîtrise du geste face à tous les types de sièges, des plus simples aux plus sophistiqués.
Garnitures traditionnelles en crin à pelotes, piquées ou capitonnées ou garnitures contemporaines en mousse n’ont aucun secret pour l’artisan tapissier qui doit faire preuve d’une grande habilité manuelle et d’un sens artistique développé.
Quelques mots sur les différentes garnitures traditionnelles.
Précisons qu’un siège peut se concevoir de différentes manières selon sa forme ou son style et qu’il peut recevoir des garnitures différentes entre l’assise et le dossier, qu’il s’agisse d’un fauteuil de style ou moderne:
La garniture à pelote
C’est la garniture sous la forme la plus simple : une petite quantité de crin est enfermée dans une toile. Elle a une épaisseur de 3 à 5 cm au centre pour venir mourir à l’emplacement de la fixation.
C’est sous cet aspect que nous apparaissent les premières garnitures de style. Elle permet d’obtenir une apparence de relief, par exemple sur un dossier de chaise.
La garniture piquée
C’est une masse de crin à laquelle on donne une épaisseur déterminée en fonction du style de siège. La hauteur de la garniture est variable de 1 à 8 cm. Elle est maintenue par des points pour lui permettre de ne pas s’affaisser. Plus le nombre de points est important, plus elle est résistante mais en revanche elle perd de sa souplesse.
La garniture capitonnée
Elle est plus décorative que confortable. Des points de serrage réguliers emprisonnent le crin. On obtient des creux et des proéminences à égale distance les uns des autres qui sont maintenus par des boutons. La dimension des capitons est proportionnelle à la grandeur du siège.
La tapisserie d’ameublement et son évolution à travers l’histoire
Il est important de rappeler que la destination première des tapisseries était d’agrémenter les murs et de permettre une isolation contre les conditions atmosphériques dans les grandes demeures : c’était là le travail du tapissier. À côté, le courtepointier avait la tâche principale de transformer les tissus en courtines (rideaux) ou courtepointes (couvertures piquées).
Au Moyen-Age, les courtepointiers, qui tendent de riches étoffes aux murs, portent une sérieuse atteinte aux tapissiers de haute ou de basse lice.Ils se substituent aux tapissiers pour vendre aux seigneurs des tissus de soie ou de laine.
Au XVème siècle la tapisserie revenant à la mode, le courtepointier, qui est aussi un marchand (il se fait appeler tapissier marchand), revend les tapisseries en les transformant par l’adjonction de galon ou de bordure. C’est alors que s’élèvent des protestations entre ces deux corporations (celle des tapissiers de haute ou de basse lice, et celle des tapissiers marchands) puisqu’ils prétendent pouvoir exécuter le même travail.
Ce conflit entraîne des procès interminables dès la fin du XIIIème siècle. Il prend fin en 1621, date qui voit la réunion de ces deux corporations en une seule : tapissier.
Le métier reçut la protection de Louis II. Louis XIV adjoignit à sa cour les tapissiers auxquels il accorda le droit du port de l’épée. Ils devinrent des personnages enviables, cette confiance leur fut accordée jusqu’à la Révolution. La profession prospéra, son industrie ne cessa de se développer.
De nos jours, si le tapissier a renoncé depuis fort longtemps au port de l’épée, son métier s’inscrit totalement dans nos préoccupations sociétales actuelles. En donnant une seconde vie à nos sièges, son savoir-faire ne sert-il pas une démarche de développement durable ? C’est à coup sûr bien le cas et ce n’est pas le moindre de ses mérites.